Dans ce travail de sauvegarde, Cantal/Cantal a pour objectif de réaliser sous la forme d’une édition et d’une exposition au rez-de-chaussée de l’Atelier du Rouget, une étude qui explore cet ensemble. L’étude, organisée en triptyque, explore les liens étroits entre la géologie et la biologie des Monts du Cantal, l’architecture des burons et la fabrication du Salers. Chacune des parties est composée selon une systémique précise : un atlas photographique issu des Archives départementales du Cantal, une étude complète du sujet et une interview menée avec un acteur local.
En 2020, la Halle de Mandailles-Saint-Julien réalisée par l’Atelier du Rouget dirigée par Simon Teyssou remporta le grand prix d’architecture de la revue D’A. Cette halle, située au pied du Puy Mary dans la vallée de Mandailles est constituée de matériaux bruts, béton, charpente bois, couverture acier corten. La couverture est faite en acier semblable à la formes de tôles ondulées rouillées et d’une charpente en douglas (qui provient des forêts du Massif central).
En observant dans la région les formes architecturales vernaculaires du Cantal, un type bien particulier en ressort et qui reflète l’architecture de la halle, c’est le buron. Le buron est lié à son environnement et à sa fonction productrice de fromage. C’est un bâtiment que l’on trouve sur les pâturages en altitude que les éleveurs de vallée possèdent et exploitent en pratiquant la transhumance de façon saisonnière dans les monts du Cantal, l’Aubrac, le Cézallier, la Margeride et les monts Dore. Ils servent à abriter la fabrication du fromage : le cantal, le salers, le saint-nectaire lors de l’estive et à loger les buronniers. Cette architecture vernaculaire, incarnée par le buron, est le témoin d’un lien fort entre un territoire, ses ressources naturelles et ses usages agricoles. Elle ne peut être dissociée du paysage géologique qui la porte ni des pratiques humaines qui lui donnent sens et qui est propre aux montagnes du Massif central.
Dès lors, plusieurs questions émergent : quels sont les liens entre la géologie d’un environnement, la forme architecturale qui en découle, et la création d’un fromage aujourd’hui protégé par une Appellation d’Origine Contrôlée ? Quelles sont les influences d’une région volcanique sur la faune et la flore ? Comment cette architecture évolue-t-elle dans le temps, et quels sont les organismes qui en régulent les usages et les constructions ? Qui sont les artisans, les architectes, les éleveurs ou les institutions qui perpétuent ou transforment ces pratiques ?
Kermesse présente des projets éditoriaux, physiques et numériques, du dessin de caractères, des objets. Des productions qui témoignent de la diversité des pratiques contemporaines en design graphique. Kermesse est une exposition d’une quinzaine de projets de diplôme d’étudiant·es du Mastère DCDG, rendue possible grâce au soutien de Florence Guebey, Armelle Boyer-Vidal, Xavier Ramette, Mégane Joisin, Serafim Augusto, Elsa Aupetit et Christophe Lemaitre ; un grand merci à elles et eux.